Un guide vers les psychothérapies

Hello,

Si tu es là, c'est que tu envisages de commencer une psychothérapie. Alors d'abord : bravo ! Déjà parce que si tu envisages de commencer un travail c'est que tu en ressens le besoin, et quelle que soit l'origine de ce besoin c'est génial de te prendre en charge sur le plan psychologique, c'est une attitude responsable et tu est une super personne pour ça.

D'abord quelques définitions, parce que "psy" ça veut dire pas mal de choses
(je précise que mes définitions valent principalement pour le contexte français, qui est celui que je connais le mieux) :

- Psychiatre : médecin spécialiste, donc 8 ans d'études minimum. C'est le ou la seul.e à pouvoir prescrire des médicaments, des arrêts de travail, ou établir des diagnostics ayant valeur légale si c'est nécessaire. Certains psychiatres sont également psychothérapeutes : c'est uniquement dans ce cas que l'on peut entamer un travail psy avec elleux. Un ou une psychiatre que l'on voit régulièrement, mais à intervalles longs (tous les mois ou tous les quelques mois), ce n'est pas une psychothérapie, c'est un simple suivi. Une psychothérapie, c'est en général une fois par semaine environ.

- Psychologue : personne ayant fait des études de psychologie à l'université, niveau licence ou maintenant master. Le titre de psychologue est réglementé. Il recouvre une grande diversité de professions.

- Psychanalyste : psychothérapeute pratiquant la psychanalyse, méthode théorisée par Freud, puis Lacan (entre autres). A nécessairement fait ellui-même une psychanalyse, en plus de sa formation et de son suivi par une association professionnelle.

- Psychothérapeute : personne ayant suivi une formation en psychothérapie, soit dans un organisme public, soit dans une association professionnelle reconnue.


 Quelques types de psychothérapies

Les méthodes thérapeutiques sont nombreuses et diverses, donc ça vaut le coup de se renseigner un peu. Je parlerai seulement de celles que je connais un peu :

- Psychanalyse : cure par la parole, fondée sur l'association libre. En fait rarement pratiquée sur un divan avec un.e psy qui se tait, en tous cas au début. Permet un travail très en profondeur, mais demande du (parfois beaucoup de) temps.

- Analyse transactionnelle : thérapie fondée sur l'idée que chaque personne porte en elle un certain nombre de scénarios qu'elle tend à répéter. Si ces scénarios ne permettent pas de mener une vie satisfaisante, le but du travail va être de changer le scénario. Thérapies (relativement) courtes, interactives, où l'on travaille beaucoup à partir de sa relation aux autres.

- EMDR : thérapie courte fondée sur la stimulation alternée des hémisphères cérébraux de façon à activer un processus de "digestion" psychique des émotions. Très efficace pour traiter les traumatismes ou les deuils, puisqu'il s'agit de relancer un processus normal de digestion des émotions qui est resté bloqué. C'est une méthode puissante, c'est pourquoi il y a des contre-indications qui font qu'il n'est pas toujours possible de commencer immédiatement l'EMDR : il est parfois nécessaire de faire au préalable un travail plus global afin de stabiliser l'état général de la personne.

- Thérapies de groupe : en groupe donc, sous la supervision de (minimum) deux psychologues en général. Différentes méthodes existent, mais globalement le point commun est que les échanges et les dynamiques au sein du groupe sont utilisées comme support pour le travail thérapeutique.

- Musicothérapie : thérapie où la musique, du fait de sa capacité à solliciter des émotions, est utilisée comme support pour travailler sur elles. Travail avec des enregistrements et/ou des instruments de musique, à partir des musiques auxquelles vous avez un lien personnel.

- Thérapies fondées sur le corps, le rapport au corps et/ou la perception du corps, comme la psychomotricité.

La grande diversité des méthodes peut donner le vertige. Renseigne-toi en ligne, prends le temps de lire, va vers les méthodes qui te parlent. Renseigne-toi aussi sur le sérieux des méthodes, méfie-toi des sectes. Ça peut être un bon début d'être conseillé.e par son entourage, mais tu peux aussi ne pas du tout être attiré.e par une méthode au sujet de laquelle quelqu'un d'autre sera très enthousiaste et c'est ton droit.

Le truc rassurant, c'est qu'en fait, le choix de la méthode importe beaucoup moins que la qualité du lien que tu tisseras avec le ou la thérapeute. Donc si une personne ne t'inspire pas confiance, si tu te sens bloqué.e dans ta parole ou jugé.e par elle, si tu es mal à l'aise de quelque façon que ce soit, tu as le droit d'en changer jusqu'à ce que tu trouves quelqu'un avec qui tu te sentiras en confiance et tu auras l'impression de faire du bon travail. C'est le principal critère de choix, et c'est toi qui décides. Là encore, le ou la psy de quelqu'un.e d'autre n'est pas nécessairement celui ou celle pour toi.

Si l'argent est un problème : oui, un travail thérapeutique peut coûter de l'argent. C'est un investissement que tu fais pour toi, pour ta santé et pour ton avenir. Mais parfois on a juste pas les moyens du tout. Dans ce cas :
- Beaucoup de thérapeutes pratiquent des tarifs variables en fonction des moyens des gens. Se renseigner donc et ne pas hésiter à négocier : ça fait partie du travail.
- Trouver un.e psychothérapeute qui soit aussi psychiatre : dans ce cas, les séances sont remboursées par l'assurance-maladie, mais il y a en général un dépassement, qui peut être discuté en fonction des ressources.
- En France il y a partout des CMPA : centre médico-psychologiques pour adultes, où il est possible de faire une thérapie gratuitement avec un.e psychiatre, un.e psychothérapeute ou un.e infirmièr.e psy. Parfois le temps d'attente est assez long malheureusement.
- Enfin, si ton besoin est lié à un traumatisme, des violences ou des discriminations, certaines associations dédiées proposent des thérapies gratuites. Là aussi, ça vaut le coup de se renseigner.

 

Quelques préjugés sur les psychothérapies 

C'est pas facile d'oser entamer un travail sur soi quand on a été élevé dans la culture pleine de préjugés psychophobes qui est la nôtre.

- Préjugé 1 : aller chez lea psy, c'est pour les faibles

J'emploie volontairement le terme de "travail" ou "travail psy", pour parler des psychothérapies. Faire un travail sur soi en psychothérapie, ce n'est pas demander à quelqu'un d'autre (le ou la psy) de s'occuper de nous. C'est faire un travail, d'abord, et ce travail on le fait soi-même parce que personne ne peut le faire à notre place. Le ou la psy est simplement là pour permettre et faciliter ce travail. On "fait" une psychothérapie, on ne la "subit" pas.

C'est un travail difficile, et pour cela, c'est très courageux. C'est difficile parce que c'est choisir de faire face aux choses qui nous empêchent de vivre, ou de vivre bien, plutôt que continuer à les nier.

- Préjugé 2 : faire une psychothérapie, c'est nombriliste

Une psychothérapie c'est quelque chose que l'on fait pour soi mais aussi pour les autres. Parce qu'une personne qui refuse de prendre en charge elle-même ses problèmes psychologiques les fait porter à son entourage. Parfois, c'est un poids très lourd. Donc faire une psychothérapie n'est pas un truc égoïste, au contraire : c'est choisir de prendre en main soi-même ses problèmes au lieu de demander aux autres de le faire à notre place.

- Préjugé 3 : il suffit de penser positivement / se botter le cul / respirer un bon coup, etc.

Personne n'est condamné.e à vivre douloureusement. Si ça fait mal, tu as le droit de prendre soin de toi. Et là où toutes les injonctions à "ne pas y penser" ou "penser à autre chose" ou "positiver" ne font qu'empirer le problème parce qu'on ne le regarde jamais en face, faire une psychothérapie permet d'aller mieux à court et à long terme.

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